Sèvres, entre parenthèses...
- Pour Sèvres
- il y a 3 jours
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Dernière mise à jour : il y a 9 heures
A l’approche des prochaines élections municipales, le maire sortant fait feu de tout bois pour chasser l’idée que Sèvres ne serait pas suffisamment attractive et dynamique. Sur l’emplacement de l’ancienne station d’essence, il décide ce mois-ci de créer un lieu temporaire d’animation baptisé « La parenthèse ». Si l’idée semble bonne, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi il n’existe pas de lieu permanent d’animation de ce type (Ludothèque). On peut aussi s’interroger sur les nombreux espaces vidés de toute activité, comme l’ancienne caserne des pompiers, le Carrefour Bio, la maison des Enfants Animateurs (escalier de la Croix-Bosset), l’ancien local de La Poste, le tabac de la Mairie … La liste est longue. Tous ont été mis entre parenthèses depuis des années et pour ceux-là aucune activité temporaire n’a jamais été pensée.
La parenthèse est une maladie qui se répand à Sèvres. Elle touche aussi un grand nombre des commerces du centre-ville. Plus d’un quart sont fermés et parmi ceux qui sont encore ouverts, beaucoup songent à partir.
La multiplication des actions de communication du maire sortant, pour vanter le projet pharaonique de rénovation du centre-ville n’y changera rien. Bien au contraire, les années de travaux et de perturbations qui s’annoncent, inquiètent les commerçants encore présents. La seule chose qui les retient pour le moment, c’est l’impossibilité de vendre leur fond de commerce. Le grand nombre de locaux commerciaux vides dans le centre de Sèvres et la perspective de ces mêmes travaux n’incitent pas les éventuels repreneurs à se porter acquéreur de ces fonds.

A un journaliste du Parisien qui enquêtait il y a quelques jours sur cette situation, le maire sortant aurait répondu qu’il n’y avait que 4 commerces fermés dans le centre-ville.
Ce chiffre nous a évidemment beaucoup surpris. Nous avons donc voulu le vérifier, faire du « fact checking ». Et nous ne nous sommes pas contentés de parcourir les principaux axes du centre-ville que sont la Grande Rue, l’Avenue de l’Europe, le début de la rue de Ville d’Avray à la recherche de vitrines closes. Pour être sûr de ne rien rater, nous nous sommes servis de l’Annuaire des commerces mis en ligne sur le site de la ville. Nous avons saisi*** dans un fichier Excel la totalité des commerces qui y figurent pour pouvoir la trier par adresse et vérifier ainsi sur le terrain ce qu’il en est. Voici le résultat de notre enquête avec la liste des commerces fermés.

Nous avons dénombré 27 commerces fermés . Sur les 27, 8 ont été remplacés par de nouveaux arrivants. Il y a donc actuellement 19 commerces fermés dans le centre-ville de Sèvres. Nous avons aussi vu une demi-douzaine de vitrines qui, ne trouvant pas preneurs, ont été transformées en bureaux et certaines vitrines semblent condamnées. Nous n'avons pas inclus les commerces d'autres quartiers, comme la Pharmacie des Bruyères, fermée pour cause de départ à la retraite, qui n'a pas trouvé non plus de repreneur.
Autre constat : sur les 27 commerces fermés, 20 sont encore listés dans l’annuaire des commerces de Sèvres. On peut comprendre qu’un commerce qui a fermé il y a quelques jours figure encore dans l’annuaire. Mais, certains, comme la poissonnerie sont fermés depuis plus d’un an ! Et aucune des 8 enseignes qui ont remplacé les commerces fermés ne figure dans cet annuaire.
Lors du dernier Conseil municipal, nous avions eu l’audace de signaler des problèmes dans l’utilisation du site de la ville sevres.fr : refait en 2021 pour un coût non négligeable de plus de 38.000 €, il contient un grand nombre d’informations obsolètes et les recherches aboutissent souvent à des résultats inappropriés ou l’absence de résultat. Nous pensions que les erreurs pouvaient être dues à la difficulté technique de mise à jour du site et n’incriminions en aucun cas les services de la ville. On nous avait répondu avec ironie que notre « condamnation sans appel » était injuste et que les services municipaux méritaient d’être défendus. S’en était suivi un long argumentaire vantant le succès du site, sur la base du nombre de visiteurs, de pages vues, la technologie utilisée et l’objectif « non-commercial » du site. Fallait-il comprendre que « non-commercial » signifiait : qui ne s’intéresse pas aux commerces ?!?
Soucieux de la bonne information des Sévriens, nous avons ce jour envoyé un email au directeur des services de la mairie afin que l’Annuaire des commerces puisse être mis à jour.
Fermez la parenthèse !
Depuis notre première incursion dans la vie de Sèvres, lors des élections municipales de 2020, nous n’avons cessé de militer pour une dynamisation de Sèvres.
Si cette dynamisation passe par la rénovation du centre-ville, son état actuel, sale et dégradé, n’est pas la seule cause de ce cette déshérence.
Le très faible niveau d’animation de la ville est aussi à prendre en compte. Dans notre tribune du Sévrien de novembre 2024, nous suggérions, par exemple, que la ville utilise l’événement exceptionnel que représentaient les 200 ans du Musée de la Céramique pour se mettre en valeur, créer des animations pour les Sévriens, mais aussi attirer dans le centre-ville de Sèvres des touristes, à commencer par les visiteurs du musée. Plus tôt, à l’été 2024, nous regrettions que la ville n’ait pas profité des épreuves des JO qui ont traversé Sèvres (cyclismes, marathon) pour mettre en place des animations. Il n’y a eu qu’une animation au tout début, lors du passage de la flamme en bord de Seine. Plus rien après. Chaque épreuve aurait pu être l’occasion de véritables fêtes qui auraient renforcé le lien social à Sèvres et profité particulièrement aux Sévriens qui n’ont pu partir en vacances au mois d’Aout.
Tout aussi problématique, les quelques actions d’animations qui sont mises en place sont très peu relayées. Demandez aux artistes qui exposaient leurs œuvres avenue Camille-Sée (à la Roseraie) le 25 mai dernier ce que leur ont dit les Sévriens, trop rares, qui ont déambulé dans les stands : ils avaient vu les tentes et étaient entrés par curiosité. Rares étaient ceux qui avaient fait le déplacement spécifiquement pour la tenue de ce 13ème marché de l’art. Ce qui s’est traduit par des ventes extrêmement faibles pour les artistes présents. La plupart des visiteurs étaient des curieux, pas des amateurs d’art. Tiens, à propos du « marché de l’art », tapez « marché de l’art » dans la zone de recherche du site sevres.fr. Aucun résultat.

Il existe bien des façons de dynamiser une ville. Nous en avions déjà listé un certain nombre, dans notre campagne municipale en mars 2020. En premier lieu, bien sûr, la rénovation et l’embellissement du centre-ville qui ne doit pas se limiter à la seule halle de marché Saint Romain et aux espaces attenants. Elle doit viser également les rues et places voisines (jusqu’à l’hôpital). Les autres quartiers ne doivent pas non plus être oubliés. La rénovation doit être écologique bien sûr car les canicules ne vont cesser de s’intensifier dans leur fréquence et leur puissance, et les préciptations de plus en plus fortes devront trouver leur chemin dans des sols perméables. Mais pas seulement. La rénovation doit s'appuyer sur et mettre à l’honneur ce qui fait la réputation de Sèvres dans le monde et son originalité : la céramique et le bleu de Sèvres. Les partenariats avec le Musée et maintenant le JAD sont d’ailleurs une autre piste pour animer et dynamiser la ville de Sèvres. En 2023, le Musée a accueilli 42.000 visiteurs, selon les données du ministère de la Culture, en augmentation de 33% par rapport à l'année précédente (31500 visiteurs). Cette hausse de fréquentation reflète l'intérêt croissant pour les arts décoratifs et le patrimoine céramique français. La ville doit en tirer parti pour développer son attractivité.
Des pistes pour améliorer l’attractivité du centre-ville de Sèvres, il n’en manque pas et nous en avons déjà présenté beaucoup sur notre site poursevres.fr. La dernière en date : embellir la passerelle du 8 mai 45 et pourquoi pas la piétonniser certains week-ends (ou tous les week-ends ?). Plutôt que la détruire, on peut l’habiller dans le style du SEL et en faire un nouvel emblème de Sèvres et un nouveau lieu d’animation le week-end.

Il faut aussi travailler sur le stationnement, les transports (voir notre proposition de navettes électriques), le numérique, créer des synergies avec les acteurs locaux, associations, écoles, et même entreprises locales et surtout communiquer !
Nous nous arrêterons là pour les bonnes idées car nul doute que le maire sortant, qui avait annoncé en 2014 qu’il ne ferait que 2 mandats, soit en train de faire son marché de propositions alléchantes pour sa candidature de 2026. Il en avait 100 en 2014, 130 en 2020, peu ont vu le jour. Combien en 2026 ? Tout est bon pour se faire réélire.
Ce qu’il faut retenir, c’est que notre ville, en dépit d'un potentiel considérable, proche de Paris, dans un écrin vert, en bord de Seine, continue à dormir et s'étioler. Il est grand temps de fermer la parenthèse.
*** N'eut-il pas été plus simple de demander ce fichier aux services de la mairie ? C'est ce que nous avons fait en 2020 lorsque nous avons décidé d'offrir aux Sévriens une application de suivi des files d'attente pendant le confinement, et la mairie nous a répondu que ce n'était pas possible, sans donner aucune raison valable. A l'époque, nous avions donc dû tout saisir manuellement. Il nous a suffi cette fois-ci de mettre à jour notre fichier.