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La concertation sur le cœur de ville

Pour Sèvres

Notre analyse

Nul doute que l’embellissement du centre-ville est une grande nécessité pour Sèvres. La ville est attractive par sa situation, sa géographie, certains de services, infrastructures ou équipements, mais pas par la beauté de son centre-ville. Tout au contraire. Le triangle qui s’étend de la station BP à la place Gabriel Péri bordé au sud par l’avenue de l’Europe et au nord par la Grande Rue est un repoussoir. Ses espaces sont vieux, dégradés, hétérogènes. Ses sols sont fracturés, ses murs lézardés, sales, en proie à des moisissures et ses aménagements sont quelconques. Cela nuit au développement de nos commerces, et d’une certaine façon à celui de notre ville. Quelle entreprise aurait envie d’installer ses bureaux dans ou près de cette zone ? Quel parcours touristique pourrait l’inclure ?
 

C’est donc une évidence pour la grande majorité des Sévriens, il faut transformer cet espace. Et c’était le but de la concertation lancée par la mairie en 2016. Après des mois de réflexion, de propositions, des réunions, des votes, un scénario s’est dessiné qui consistait en une refonte considérable de cet espace : destruction du marché actuel et son déplacement dans le bâtiment administratif, déplacement du commissariat, suppression de la station d’essence et construction d’un petit immeuble à sa place, rénovation de tous les espaces publics contenus dans ce triangle. Le tout pour un coût total d'environ 30 millions d’euros. Mais certaines hypothèses se sont révélées irréalisables et ont mis un arrêt au projet ainsi établi.

Lors de la dernière campagne municipale notre liste Pour Sèvres a milité pour un projet de centre-ville plus raisonnable, s’attachant à rénover, relier et harmoniser les espaces existants plutôt qu’à chercher à grand frais à procéder à d'importantes démolitions pour en créer de nouveaux. Notre projet, moins ambitieux, nous sommes tentés de dire moins pharaonique, aurait couté une fraction du montant du projet actuel et, point important, il aurait permis de réaliser cette embellissement rapidement. Notons en effet que le dossier de présentation de la concertation lancée cet été nous prédit maintenant une réalisation finale en 2028, dans 7 ans soit 12 ans après la première consultation ! Et cela dans le meilleur des cas, car les retards sont légions dans des projets d'une telle ampleur. Vous aurez d'ailleurs remarqué récemment que la simple réfection d'une partie du trottoir Grande Rue qui devait s'étendre sur 7 semaines s'est achevée avec 2 semaines de retard. Essayez de projeter cela à l'échelle du projet de centre-ville qui nous est proposé !

Notez aussi que le département des Hauts de Seine commencera les travaux de requalification de la RD910 en 2023. Le centre de Sèvres sera donc en travaux au minimum six ans sans discontinuer !!!

Plus que jamais nous pensons que notre proposition reste la meilleure solution pour Sèvres. Certes, la ville est riche. Depuis la vente de la SEMI en 2018, ce sont 34 millions d’euros qui sont entrés dans nos caisses et qui essentiellement y sommeillent depuis. Sèvres peut donc envisager un tel investissement.

Mais sommes-nous bien sûr que nous voulons employer toutes ces ressources à un seul projet ? Notre ville n'a-t-elle pas d'autres besoins d'investissement à satisfaire ?

Lors du Forum des associations des 4 et 5 septembre 2021, nous avons pu constater qu'un grand nombre d'associations, pour ne pas dire la majorité, ont des besoins pressants non satisfaits, le plus souvent d'infrastructure : tel club sportif qui ne dispose pas de terrain suffisant, telle association culturelle qui n'a pas de salle adaptée, telle initiative qui n'est pas soutenue.

Nous pensons, en outre, que le projet, tel qu’il se présente aujourd’hui, ne changera pas fondamentalement la physionomie de notre ville. La "saignée" de la RD910 et les tours qui la bordent seront toujours là. Ce projet de cœur de ville mérite-t-il que la ville lui consacre 32 millions d’euros ?
 

Pourquoi ne pas avoir présenté, et cela dès 2016, des alternatives moins couteuses aux Sévriens ? Ces consultations auraient dû être l'occasion de faire participer les habitants à des décisions fondamentales concernant la gestion de leur ville. Les Sévriens se sont principalement prononcés sur l'aspect pratique et esthétique des différents scenarii et en aucun cas sur leur coût et leur durée, puisqu'ils ne leur étaient pas connus. Alors oui, tous les Sévriens peuvent préférer l'esthétique du centre ville qui nous est promis pour 2028 à l'existant. Mais n'auraient-ils pas préféré une solution moins couteuse et plus rapide à réaliser.

N'auraient-ils pas préféré des travaux de rénovation du cœur de ville achevés en 2023 ou 2024 plutôt que 2028 voire 2029 ou 2030 ? Ceux-là ne démarreront pas avant 2024 et probablement fin 2024 pour que la ville ne soit pas en travaux au moment des jeux olympiques.

32 millions d'euros à la louche, car le projet est loin d'être ficelé. Qu'en sera-t-il au final ? Les budgets alloués aux travaux par la ville sont souvent dépassés, rarement réduits.  Les Sévriens n'auraient-ils pas préféré un projet à 10 ou 15 M€ et affecter les fonds ainsi économisés à d'autres projets ?
Songeons à tous les besoins que nous pourrions satisfaire  : lieux d’accueil et animation pour les jeunes, accroissement des infrastructures et équipements sportifs, rénovation de nos bâtiments communaux, nos lieux de vie et nos écoles mieux adaptés au handicap, moins énergivores et mieux préparés au changement climatique, et des rénovations dans les autres quartiers de Sèvres qui en ont bien besoin. Ces fonds pourraient aussi servir à améliorer la circulation et réduire l'emprise de l'automobile en développant des transports propres, des navettes à fréquence  élevée, si possible gratuites, qui dissuaderaient d'utiliser sa voiture pour des trajets courts intramuros.

L'ajout de places de parking est-il si nécessaire aujourd'hui ? Que savons-nous du taux d'occupation du parking du théâtre ? Il semble qu'i soit rarement complet.
De fait, l'accroissement du parking nous semble une bonne idée si, par ailleurs on supprime les places occupées par les voitures sur les côtés de l'avenue de l'Europe pour laisser place à une voie dédiée aux transports en commun. Pour cela, il faudrait une coordination entre le projet de requalification de la RD910 et l'aménagement de notre coeur de ville. Elle ne semble pas exister pour le moment.
 

Le projet du centre-ville ne sera fini que vers la fin de la décennie que nous venons d'entamer. Il repose sur le postulat que la voiture est le seul moyen pour nombre de Sévriens d’accéder au centre-ville ? Or, une vison moyen terme réaliste semble beaucoup plus favoriser des transports urbains publics commodes, rapides, fréquents et évidemment électriques tels que l’on sait déjà les faire. Organisons-nous en conséquence.

La relocalisation de la halle de marché dans le bâtiment administratif est-elle une si bonne idée ? les nouveaux locaux auront-ils la hauteur de plafond, la luminosité, les facilités d’accès camion nécessaire aux commerçants ? Aura-t-on plaisir à y venir ? Comment l’accès direct avec caddy sera-t-il facilité malgré le dénivelé avec les rues ? Les circulations piéton faciliteront-t-elle les rencontres, les échanges ? Coincée à l’ombre de l’immense l’immeuble administratif et du petit immeuble derrière le kiosque, il s’agit d’une zone très inhospitalière qu’il sera difficile de rendre réellement attractive. Qu'en pensent les commerçants du marché actuel ?
 

D'autant que le bâtiment administratif, une fois rénové, serait un endroit idéal pour l'installation de tiers lieux favorisant le "faire ensemble" et la dynamisation économique, sociale et culturelle de Sèvres. Nous avons découvert lors du Forum des associations qu'un tiers-lieu qui était en projet depuis des années verrait enfin le jour en fin d'année mais dans un espace réduit de la maison des associations.

-  La suppression de la station d'essence à grand frais est-elle indispensable ? Nous ne nions pas qu'elle participe à la laideur du centre-ville de Sèvres. Mais avec l'interdiction des voitures thermiques en région parisienne imposée par la ZFE (Zone de Faible Émission) au 1er janvier 2030, il y a fort à parier que son espace sera largement transformé d'ici là.
Par ailleurs, sa disparition ne va-t-elle pas ajouter au trafic de la RD910, les Sévriens devant aller chercher plus loin le carburant de leur véhicule.

-  Une grande place centrale est-elle la seule bonne solution à un centre-ville attractif ? Qu'est-ce qui nous garantit qu'après la destruction de la halle de marché existante, l'espace ainsi libéré tiendra ses promesses en terme d'attractivité ? Quel en sera le moteur ? L'essentiel des commerces au quotidien, ne continuera-t-il pas d'être concentré dans la partie de la Grande Rue située entre la place du 11 novembre et la place Gabriel Péri, une zone que nous souhaitons d'ailleurs voir piétonnisée sans retard.

-  La destruction de l'ancienne supérette bio est-elle bien utile ? Coincé par l’immeuble qui est devant le kiosque à journaux, cet espace est très réduit, peu visible et peu ensoleillé donc peu attractif. En revanche, ce local ouvert sur une place du 11 novembre entièrement rénovée, s'il n'est pas détruit, n'aura-t-il pas une réelle utilité ?

La concertation

Clairement l’information qui nous a été distribuée par courrier au mois de juillet est très superficielle. Le document pdf intitulé « Coeur de ville Acte 2 - Dossier de présentation » disponible en téléchargement au bas de la page Web de la mairie consacrée à cette concertation le complète. Vous y retrouverez l’historique des consultations précédentes et un peu d’histoire sur l’évolution du centre-ville de Sèvres. En annexe, la délibération de GPSO, puisque depuis le 1er janvier 2018, c’est l’Établissement Public Territorial qui est en charge des opérations d’aménagement urbain, et toutes les communications publiques sur cette concertation (les annexes formant les 2/3 du dossier de présentation).

Ce dossier montre un réel effort de relier cette concertation au processus lancé en 2016 mais nous semble très incomplet à bien des égards.
 

Lisez à ce sujet la lettre envoyée par Jean-Lucien Seligmann, ingénieur expérimenté, qui en fait une analyse technique détaillée, invitant Monsieur le Maire à revoir les éléments de ce projet.

A l’époque les montants prévisionnels annoncés étaient inférieurs à 30 M€. Aujourd’hui, il s’agit de 32M€ pour un projet moins ambitieux. Et surtout, nous ne disposons d’aucun élément chiffré détaillé.
 

Sur ces 32 M€ combien coute :

  • le déplacement de la rampe d’accès au parking,

  • le creusement des 38 nouvelles places,

  • la préemption de la station service et la création d’un espace public à sa place

  • la construction d’un immeuble à cet endroit

  • le déplacement de la halle de marché dans le centre administratif (notons qu'il nous manque une comparaison entre sa nouvelle surface et l’ancienne )

  • la rénovation de la place du Colombier

  • l’extension et réaménagement de la place du 11 novembre (celle du kiosque)

  • la démolition de l'ancien Carrefour Bio (cet espace ouvrant sur une place du 11 novembre rénovée pourrait se révéler fort utile)

 

On nous dit que les 3 années qui ont suivi la consultation achevée en mars 2018 ont servi à faire les études nécessaires à la préparation du projet. Ces chiffres devraient donc exister.

La concertation lancée au mois de juillet laisse penser que le projet est abouti et qu'il ne reste plus qu'à choisir la décoration. Mais qu'en est-il vraiment ? Aucun plan d'architecte n'est disponible. Aux questions posées par les Sévriens sur des aspects techniques du projet, comme ce fût le cas, lors de la présentation des résultats de la concertation le 14 octobre au SEL la réponse est le plus souvent :

Nous regrettons aussi qu’aucune indication ne soit donnée quant aux orientations générales choisies pour cette rénovation. On nous parle d’un espace public fédérateur, d’embellissement sans plus de précision sur l’usage et la fréquentation visés ni sur ce qui en ferait l'attractivité. Aucune indication sur l'esprit ou le style recherché. Or cette rénovation est une occasion unique pour que Sèvres retrouve, après les dégâts causés par la percée de la RN10 et la construction de tours dans les années 60, une identité dont elle soit fière. Il ne suffira pas d’implanter ça et là des parterres, des arbustes ou des fontaines comme cela est fait de façon impersonnelle dans beaucoup des rénovations de centre-ville. L’unité de traitement de ces espaces devrait s’appuyer sur ce qui fait la renommée de Sèvres dans le monde en particulier la céramique et le bleu de Sèvres. Il n'en est pas fait mention. Le cœur de ville doit être aussi pensé comme un prolongement du musée de la céramique et de la Cité des Arts et du Design qui vont attirer de plus en plus de professionnels, d'artistes et de touristes à notre porte. Dans notre projet municipal, nous proposions aussi que ces espaces mettent en avant des traits de l’histoire et du patrimoine de Sèvres, redonnant à tous la fierté d’être Sévrien.

Enfin, on nous interroge sur le type de végétalisation. Nombre de ces espaces sont à l’ombre. Ce type de contrainte physique doit guider les choix et pas seulement « l’esthétisme » de ces aménagements. Quid, enfin, des autres objectifs liés aux enjeux écologiques et climatiques, comme par exemple la perméabilisation des sols ? Il n'en est pas fait état.

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