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Tribune libre… mais pas trop

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Le 9 juillet 2020, lors de la première séance du nouveau conseil municipal, le Maire a fait ratifier par sa majorité un nouveau Règlement Intérieur du Conseil municipal. Celui-ci prévoyait en particulier la réduction de l’espace d’expression libre des groupes minoritaires dans Le Sévrien, de 2/3 de page dans le précédent mandat à une simple demi-page. Avec près de 10 % des voix aux élections municipales, notre droit d’expression a donc été limité, dès notre entrée en fonction, à 1/12e de page — soit six lignes, dans un magazine qui en compte une trentaine.

Cette décision, passée inaperçue pour la plupart des Sévriens — la page en question se trouvant en fin de magazine, entre les publicités —, était pourtant un très mauvais présage pour la vie démocratique à Sèvres. Dans une ville, semblable à beaucoup d'autres, où il n’existe pas de média local indépendant et où la presse régionale ne couvre que ponctuellement notre commune, Le Sévrien est aujourd’hui le seul support régulier diffusé à l’ensemble des habitants. Restreindre l’expression des minorités n’est donc pas un simple choix de mise en page : c’est réduire, pour les Sévriens, la possibilité d’entendre un autre point de vue que celui de la majorité. Et sur ce point, la loi est très claire. L’article L2121-27-1 du Code général des collectivités territoriales impose aux communes de plus de 1 000 habitants de réserver un espace d’expression aux élus n’appartenant pas à la majorité municipale, dans les bulletins d’information générale. Cet espace doit être identifiable, régulier et surtout permettre une expression effective. La jurisprudence du Conseil d’État rappelle d’ailleurs que le bulletin municipal ne peut devenir un outil de communication unilatérale de la majorité : il doit respecter le pluralisme démocratique et garantir des conditions d’expression équitables. En réduisant notre espace à quelques lignes, la municipalité a transformé ce qui devrait être un véritable outil d’expression démocratique en une simple caution démocratique — la forme sans le fond. Or la démocratie locale ne se limite pas à diffuser la communication de la majorité : elle suppose que les citoyens puissent comparer, débattre, se faire leur propre opinion.

Le maire étant le directeur de la publication, sa majorité dispose déjà de la quasi-totalité du magazine : l’édito, les dossiers, les pages de communication sur ses réalisations. Si elle est convaincue de la pertinence de son action, elle ne devrait pas craindre que d’autres voix s’expriment. Une démocratie locale vivante n’a rien à perdre au pluralisme : elle y gagne de la transparence, de la vitalité et de la confiance.

Donner à l’opposition un espace plus en rapport avec son poids électoral, c’est respecter tous les électeurs, y compris ceux qui n’ont pas voté pour la majorité. Car pour que la démocratie reste vivante, il faut que toutes les voix puissent être entendues — pas seulement celles du pouvoir.

Une ville ne se construit pas sur le silence, ni sur l’unisson forcé. Nous respectons le débat, les désaccords, les idées différentes : c’est la base même de la démocratie. C’est pourquoi nous continuerons à porter nos propositions, à signaler ce qui fonctionne, à dénoncer ce qui ne va pas, et à accompagner 6 lignes de tribunes complètes sur notre site.

À Sèvres, nous voulons une démocratie vivante, transparente et ouverte. Pas une communication à sens unique. Une ville où l’on discute des projets avant qu’ils ne soient décidés, où l’on écoute les habitants avant de trancher. Parce que Sèvres mérite mieux que des choix imposés d’en haut : elle mérite un débat, des idées, et des citoyens informés.

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